Je ne laisserai personne dire que je suis moins Algérienne parce que je suis née en France». Cette affirmation montre toute la détermination des binationaux algéro-français à la mobilisation jusqu’à l’abrogation de l’article 51 du projet de révision de la Constitution. Une mesure qu’ils considèrent comme une «trahison», une «discrimination»et une «exclusion»à leur encontre de la vie sociopolitique algérienne et «une atteinte à la dignité des Algériens de l’étranger.»

Les binationaux  ne décolèrent pas. Une centaine d’entre eux, majoritairement des jeunes, ont, à la faveur d’une conférence  tenue dimanche après-midi à Paris à l’initiative de l’association Algériens des deux rives et leurs amis (ADRA), appelé à une mobilisation jusqu’à l’abrogation de l’article 51 — bien que modifié sur décision du président de la République en Conseil des ministres et renvoyant à la loi la liste des postes aux hautes fonctions de l’Etat — du projet de révision de la Constitution.

Au cours de cette conférence, animée par Rafik Rabia, avocat et chercheur-enseignant de droit public ; Massinissa Madani, ingénieur en télécoms et militant associatif ; Belkacem Amarouche, député FFS de la zone 4 Europe-Amérique du Nord, sous la présidence de Nora Boughazi, militante d’ADRA, a été dénoncé un projet de texte élaboré par«une classe dirigeante loin des préoccupations quotidiennes des ressortissants algériens ou des Algériens tout court». L’article 51 exclut de facto les binationaux du développement de leur pays, se sont accordé à dire les présents.

«Sur les 6 à 7 millions d’Algériens, 2 millions ont une autre nationalité dont 400 000 cadres qualifiés, voire hautement qualifiés. C’est un potentiel dont s’exclut l’Algérie», souligne Massinissa Madani.«L’Algérie peut-elle se passer de ces compétences quand le pays doit faire face à toutes sortes de difficultés»,s’interroge-t-il. Et «l’article 51 ne vise-t-il pas à écarter des personnalités ‘‘dérangeantes’’» pour les dirigeants en place ? «Faut-il prouver son patriotisme et son algérianité en vivant en Algérie ? Le nationalisme et le patriotisme se mesurent-ils à l’aune de papiers administratifs ? L’histoire est là pour montrer que les Algériens vivant à l’étranger ont toujours eu à cœur leur pays»,poursuit le conférencier.

Rafik Rabia – qui a démontré les vices juridiques et les contradictions des articles de cette Constitution –  estime que ce texte n’a pas été élaboré par des constitutionnalistes. Est aussi contestable l’article 73 qui pose un problème d’égalité, relève encore Rafik Rabia qui, se situant sur le plan strictement juridique, considère que «l’article 51 peut se justifier dans certains cas, contrairement à l’article 73 qui ne peut être justifié en aucun cas». Tandis que le député FFS Belkacem Amarouche a rappelé l’«urgence de construire une véritable citoyenneté»en Algérie, basée sur la liberté, soulignant que le texte constitutif devrait être «l’émanation d’un consensus incontestable».

Et de considérer que «le débat n’est pas uniquement pour ou contre l’article 51, mais concerne l’absence d’une vision politique» à l’élaboration de laquelle il invite «l’ensemble des Algériens dans leur diversité et leur pluralité d’opinion, de sensibilité». Le mot de la fin est revenue à Nora Boughazi, membre d’ADRA qui, s’adressant à l’assistance, dans un propos éloquent et chargé d’émotion, a rappelé le rôle des binationaux dans la solidarité et la fidélité à toutes les épreuves à l’égard de l’Algérie.

Et pour mémoire de citer l’apport de la communauté algérienne de France à la Libération nationale au sein de la Fédération de France du FLN, à la manifestation du 17 Octobre 1961, ou pendant la décennie noire durant laquelle elle a continué à venir en Algérie malgré les difficultés de transport aérien. «On a toujours été là lors de catastrophes naturelles» et, également à titre de rappel, que les donateurs d’ADRA dans l’accomplissement de ses actions de solidarité en Algérie et en France sont des binationaux.

«Nous sommes Algériens, il n’y a qu’à voir les files d’attente devant les consulats d’Algérie, on est fiers de porter notre passeport comme on est fiers de porter le drapeau algérien pour lequel on est critiqués ici en France.»Et avec passion et émotion : «La loyauté envers son pays ne se juge pas à la couleur des papiers, mais aux actes et engagements.»Et aussi : «Je rêve d’un gouvernement algérien qui réunirait tous ses enfants, qui appellerait ceux qui sont éparpillés à travers le monde à prendre part à la construction du pays.»

Puis avec fermeté et en guise de conclusion :«L’Algérie ne se fera pas sans nous parce que le peuple algérien, c’est aussi nous.»Une réunion inter-associations doit se tenir dans les tout prochains jours pour élargir la mobilisation en France, en Belgique, en Grande-Bretagne et au Canada. A rappeler que l’association ADRA (www.association-addra.com) appelle, dans une Pétition en ligne, tous les citoyens algériens, en Algérie  en France et dans le monde, à se mobiliser pour «faire abroger les articles inégaux, méprisants et anticonstitutionnels». D’autres pétitions à l’initiative d’associations sont également en ligne.

Articles consacrés pour l’association Addra.

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